- polissonner
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• 1718 ; de polisson2 ♦ Vieilli Se comporter en polisson (en parlant d'un enfant).⇒POLISSONNER, verbe intrans.VieilliA.—[Le suj. désigne un enfant]1. Vagabonder (dans les rues, dans les champs). Quand M. le curé (...) apercevait Charles qui polissonnait dans la campagne, il (...) le sermonnait un quart d'heure (FLAUB., Mme Bovary, 1857, p.7). Je passais mes journées à gaminer sur le quai, à marauder dans les jardins, à barboter dans les flaques (...) je polissonnais avec les petits garçons, parmi les épines blanches (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.99). Les privations, la faim (...) l'inquiétude de voir (...) Camille, son plus jeune, courir les rues faute d'école et polissonner avec les gamins du quartier, tout cela usait Félicie (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.321).2. P. ext. Être dissipé, se comporter avec espièglerie; dire ou faire des polissonneries. Racadot et Mouchefrin, qui étaient voisins et se plaisaient, ne polissonnèrent plus que durant les classes d'histoire et de géographie (BARRÈS, Déracinés, 1897, p.7).B. —[Le suj. désigne un homme, une femme] Se comporter de façon libertine, se complaire dans des propos licencieux; en partic., se livrer aux jeux amoureux. Il ne fait que polissonner (Ac.). [Fragonard] se mit (...) au ton du jour, et ses jeunes amants, après avoir polissonné dans les greniers (...) trouvèrent le bonheur en pouponnant d'innombrables marmots (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p.278). Jusqu'alors Germaine avait polissonné avec les garçons du village; les manières délicates du soldat l'émurent. Pendant un mois, ce fut entre eux une idylle fort chaste (ARLAND, Ordre, 1929, p.420).REM. Polissonnant, -ante, adj., rare. a) [En parlant d'un trait physique ou du comportement d'une pers.] Qui témoigne d'un caractère vif, espiègle, polisson. Le prince [de Ligne] a une manière gaie et parfois polissonnante (c'est un de ses mots) de dire même des choses sérieuses (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.8, 1853, p.263). L'oeil gamin, la mine espiègle, le geste polissonnant, le contentement de la niche accomplie et le rayonnement du bonheur de vivre, prêtaient au plus jeune l'air de chérubin et l'âge d'un collégien en vacances (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p.6). b) [En parlant d'une oeuvre littér., d'une représentation artist., de leurs caractéristiques] Qui présente un caractère libre ou licencieux. Une page de Fragonard, c'est comme une peinture de Diderot. Même ton polissonnant et ému (GONCOURT, Journal, 1859, p.657).Prononc. et Orth.:[
], (il) polissonne [
]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. 1718 (Ac.:Polissonner. Dire ou faire des polissonneries); spéc. 1845-46 «licencieux» (BESCH.); 2. 1780 «traîner, vagabonder» (Mme RICCOBONI, Aloise de Rivarot, OEuv., t.V, p.192 ds POUGENS d'apr. LITTRÉ). Dér. de polisson; dés. -er. Fréq. abs. littér.:20.
polissonner [pɔlisɔne] v. intr.ÉTYM. 1718; de polisson.❖1 Vx. Badiner, plaisanter de manière bouffonne, espiègle ou puérile.2 Vieilli. Se livrer à des actes, tenir des propos plus ou moins licencieux.0 Cette table, assez nombreuse, était très gaie sans être bruyante, et l'on y polissonnait beaucoup sans grossièreté. Le vieux commandeur, avec tous ses contes gras, quant à la substance, ne perdait jamais sa politesse de la vieille cour (…)Rousseau, les Confessions, VII.3 Mod. Être polisson (en parlant d'un enfant). → Charpie, cit. 2.
Encyclopédie Universelle. 2012.